mercredi 24 décembre 2008

Jour 464 - Jésus, tu tombes à pic

Viens donc prendre part au débat ! On parle de toi et de chocolat...

Le chocolat - Jonnhy Depp /Juliette Binoche - 2000

Il de date pas d'hier celui là non plus... Pourtant il sacralise tout ce que j'aime d'un film à l'approche de Noël, emmitouflée au fond du canapé, ma tasse de thé à la main.

L'histoire se passe un peu avant, assez loin en tous cas pour que l'on y retrouve ces beaux plans clairs-obscures, ces couleurs profondes et la chaleur d'un petit village de vieilles pierres en hiver. Le chocolat raconte l'arrivée d'une mère et sa fille dans une communauté sclérosée par ses principes, qu'elles vont se charger de ramener à la vie, grâce au puissant pouvoir du chocolat. Une histoire qui parait insignifiante, d'autant plus qu'elle est traitée de manière gentillette (mais là encore, je préfère ça plutôt qu'un documentaire à la Michael Moore pour la période !).

Pourtant, elle soulève un débat intemporel : celui de la religion et de son interprétation. Les images racontent comment les valeurs prônées par les croyants sont bien souvent les plus respectées chez les athés (ou du moins les moins pratiquants), qui gardent toute clairvoyance pour vivre de bon sens et non de règles qui mènent à l'absurdité. Il est difficile de forger sa conscience sous le poids des bien-pensants, et encore plus difficile, une fois la tâche accomplie, de ne pas sentir une irrésistible envie de les entraîner dans cette paix solitaire. Bien souvent, on y renonce parce que la liberté récompense allègrement le combat. Mais le chemin est long et tortueux, parce qu'il s'écrit jour après jour dans la réflexion et l'introspection, alors que celui de la religion est tracé, jonché de repères, de responsables et de coupables. Ecrire sa propre version du bien et du mal est toujours plus laborieux que de la lire, et l'assumer reste à mes yeux une des plus grandes vertus de l'homme, pour peu qu'il ait fait le choix de la liberté.

Ce film aura le défaut de ne parler qu'à ceux qui ont fait ce choix, parce qu'ils seront en mesure de l'entendre, mais après tout, c'est déjà beaucoup. Une énième façon d'illustrer Rabelais et son "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" ...

Très Joyeux Noël à tous !

lundi 22 décembre 2008

Jour 462 - Dernière ligne droite avant Noël

On a vu ces dernières années des cadeaux "super market'" envahir les rayons de nos grandes librairies. Des titres toujours plus ingénieux "Je ne savais pas quoi t'offrir alors je t'ai offert ça", "petit livre pour une maman", "à offrir à un super papa", qui se vendent certainement parce qu'il touchent les acheteurs en plein dans le mil', mais dont le bénéfice utilisateur est indéniablement plus faible et très limité.

Parallèlement, le marché du "séjour clés en main" explose avec les diverses boîtes cadeaux déclinées sous toutes les formes possibles. Un très beau concept, qui répond à la perfection à notre manque d'inspiration évident. Oui, seulement une smart box, ça s'offre une fois, deux fois... Et après ?

Et bien il semble que cette année, on se soit vraiment bougé pour proposer de belles idées cadeaux ! Très impressionnée par ma rapide virée chez Virgin, je me devais de vous faire un petit rapport des idées qui feront plaisir à coup sûr sous le sapin. Attention, c'est surtout le rayon cuisine qui déménage, alors à ceux qui ne font pas la différence entre un oeuf dur et un oeuf au plat, il est temps de s'y mettre !

Dans ma hotte, si j'étais vous, je mettrais :

Un kit pratique

L'un de ces coffrets qui comprennent les recettes et les ustensiles nécessaires à leur réalisation. Un kit très pratique pour les cuisiniers obsessionnels chroniques qui s'obstinent à réaliser de beaux mets ponctuellement, mais qui n'ont jamais tout ce qu'il faut sous la main au moment où ils décident de passer à l'action.
Si je vous conseille particulièrement le modèle macaron, sachez qu'il existe également"dîner au verre" et "dîner à la cuillère".
Hachette Pratique - 19,90€ pour les macarons, 15€ pour les autres modèles.

Un zeste d'interdit


Ce coffret qui donne envie de s'adonner à la cuisine au rythme des 7 péchés capitaux. 7 notions qui s'accordent à la perfection avec le monde culinaire : vite fait pour la paresse, aphrodisiaque pour la luxure... 7 livrets qui ne manquent ni de charme ni d'imagination et un coffret qu'on mettrait bien en déco pour réveiller l'assiette en porcelaine de mémé.
La cuisine des 7 péchés - Editions First - 34€90


Un bel objet

Une jolie bibliothèque des vins, des pâtisseries ou des plats ravira toute femme qui se respecte. Casanière et cuisinière ou working girl, elle saura apprécier la diversité des recettes et la beauté de l'objet. Le must : un petit carnet de recette assorti planqué dans le tiroir !
Petite bibliothèque cuisinière, Petite bibliothèque pâtissière ou
Petite bibliothèque des vins - Editions Larousse - 20€90

Une double dose de rire


Ah Pénélope... Je ne m'étendrai pas une fois de plus sur les talents de notre illustratrice parisienne, sachez seulement qu'un concentré de bonheur est disponible dans ce coffret qui rassemble ses 2 BD : Joséphine et Ma vie est tout à fait fascinante.
Pénélope Bagieu - Editions Gawsewitch - 30€


Parce que les blagues de nenettes ne seront pas forcément du goût de messieurs, mais que ce n'est pas une raison pour ne pas les dérider, je suggère...



Tout le talent du Canard pour rire aux éclats des travers de la Ve République ! Là non plus, je ne détaille pas, on connait...
Le canard enchaîné - 50 ans de dessins - 69 €

Saupoudrez le tout par un filet de suspens


Un ouvrage qui a de quoi remettre nos ados les plus coriaces à la lecture. Véritable livre-objet, l'envie de connaître la suite se fait irrésistible dès la couverture, à l'intérieur de laquelle se trouve une enveloppe qui renferme toutes sortes d'indices. Le livre est un journal intime laissé là avant la disparition de son propriétaire. Jouant tant sur le mystère que sur l'interdit (la couverture arborant un malicieux "Si tu n'es pas Emma, repose immédiatement ce carnet"), ce cadeau saura réveillé le Scherlock Holmes qui se cache en chacun de nous.
Cathy's Book - Editions Bayard Jeunesse - 15€90

En espérant que ce billet vous filera un p'tit coup de pouce pour les dernières idées à avoir avant mercredi, je me permettrai un petit message personnel au Papa Noël : Cher Père Noël, si tu pouvais m'amener un Iphone je serais très très contente... Si tu n'en n'as plus, ne sois pas inquiet, j'ai aussi tout un catalogue de chaussures à acheter. Je t'embrasse. Papillon.

lundi 8 décembre 2008

Jour 458 - Leçon d'humanité

Il est de ces films que l'on sait qu'on regardera un jour, parce que leur nom ou leur image nous a heurté une fois. Mon histoire avec Les cerfs-volants de Kaboul a commencé derrière une vitrine près du jardin des plantes. Le Best seller de Khaled Hosseini laissait croire à une profondeur certaine, à ces histoires dont on ne sort pas indemne. Ce jour là, j'ai passé mon chemin. Quelques mois plus tard, le film sortait en salle. "Il faut que j'y aille...", je n'y suis pas allée.



Et puis le titre m'est revenu plusieurs fois à l'esprit, il a pris sa place au rang des "choses à faire". Ce soir, j'ai recroisé son nom, ce soir, je l'ai fait. J'ai savouré chacune de ces minutes passées dans ce pays dont j'ai vu les maisons tomber en ruine sur le JT de PPDA.

Alors que je craignais de devenir cinématographiquement frigide, constatant la passivité que m'avait inspirée The Visitor (joli film cependant), les cerfs-volants m'ont arraché de belles larmes, tout comme ils m'ont emmenée voler avec eux sur ces terres arides qui regorgent d'humanité. Deux histoires d'ailleurs, de souffrance et d'hommes pourtant.

The visitor m'avait désarmée, racontant une fois de plus les injustices sociales engendrées par une politique d'immigration médiocre mais dont connait si bien les conséquences, si peu les fondements, et qu'on avale sans même ouvrir les yeux sur la condition de nos voisins (un thème d'ailleurs très bien exploité par Kechiche notamment dans La faute à Voltaire). Désarmée parce que ces choses se jouent à une échelle qui me dépasse et parce que cette jeune fille, sur le siège d'à côté, s'indigne de voir comme il peut-être difficile pour un étranger de rester dans le pays qui est le sien. Sait-elle seulement qu'il y a bien pire ? Sait-elle seulement que la libre circulation qu'elle considère comme innée sur cette planète ne lui est offerte que par son profil occidental ? Il y a trop à faire lorsque l'on n'a pas foi en la nature de l'homme. Je baisse les bras.

Les cerfs-volants ne racontent pas une guerre intouchable dont on ne connaîtra jamais que les amas de pierre sur nos écrans de télé. Ils racontent les hommes et leurs rapports, ils racontent ce qui nous unit ou nous déchire. Ils racontent l'amour, la loyauté et le respect inconditionnels de l'autre. Ils racontent la haine de soi aussi, le remords, la destruction qui leur succède. Parce que les sentiments mis en jeu sont à notre échelle quotidienne, ces images sont poignantes, bouleversantes, je vous invite grandement à le regarder si ce n'est déjà fait, pour cette très belle leçon d'éducation sentimentale que nous livre là
Marc Forster.

samedi 29 novembre 2008

Jour 451 - Trouver son paradis

WAOW.

Tu regardes le fly et sens déjà que les jambes te chatouillent. Ton pessimisme expérimenté te ramène pourtant tout de suite à la réalité : c'est toujours bien à l'affiche, ces soirées, mais jamais à la hauteur de tes espérances.

En plus c'est payant, en plus il y a une heure de queue dans le froid. Tu tiens bon parce que ça peut valoir le coup. Tu penses à l'après, tu espères très fort.

Vestiaire à 5 euros "on ne prend plus les manteaux, c'est plein", 20 min de queue aux toilettes, 20 min de queue à la caisse pour le moindre breuvage. Mais qu'est-ce que je fais là ?

Sonné par le froid, tu reprends tes esprits, et d'un coup, ça sonne comme une évidence. Il y a des sourires partout autour, et là, devant toi, des marches illuminées qui t'appellent à descendre sur le dancefloor déchaîné par le premier cri de Jamie Brown.


Oublié le froid, oubliée l'attente, c'est ailleurs. Tu étires tes zygomatiques, la transe commence. Ici c'est chez toi. Chaque note unit un peu plus les 200 corps en mouvements dans ce bonheur surpuissant que tu n'es même pas sûr de pouvoir supporter. A la fin de chaque chanson, c'est un sentiment de trop peu qui se fait éclater par le joie de la suivante qui commence. Ce moment où tu vas généralement t'assoir pour attendre la prochaine musique qui te plaira n'existe pas ici, c'est une ascension perpétuelle, c'est un nouveau partenaire à chaque danse que tu parirais connaître depuis toujours. Chaque union est parfaite, chaque danse réglée comme du papier à musique.

C'est toute l'ampleur du pouvoir de la musique qui s'affiche dans ces 200 sourires.

A 6h pourtant, alors que ton corps appelle la suite, on t'invite à reprendre le cours du temps. Bye bye l'Eden, bonjour les rues de Paris. Ecouteurs sur les oreilles, il ne fait plus froid dehors, tu pourrais réchauffer un pays entier, la vie est... Belle !

Ce qui est sûr, c'est qu'on recommence samedi prochain ! D'ici là, une petite playlist pour rêver... -> J'ai fini par l'effacer ne supportant plus de l'entendre se lancer automatiquement..

Le Djoon. 12 eur. l'entrée.
22, bld Vincent Auriol 75013 Paris.
Métro 14-Bercy ou 6-Quai de la gare
01 45 70 83 49

Prochaine soirée Motown en vue : samedi 6 décembre

vendredi 21 novembre 2008

Jour 444 - Profiter de la vie culturelle

Tout cela part de LA bonne idée. Rat ayant eu la très bonne initiative de me traîner voir un ballet pour mon anniversaire. "Trainée" parce que j'adore la danse, mais mon rapport à l'organisation fait qu'il m'est impossible de décider 2 mois à l'avance de prendre des places pour autre chose qu'un concert de Freddie Mercury (ce qui arrive rarement du coup).

Les rangées pourpres qui font face aux immenses rideaux noirs, le son des violons qui fissurent tout à coup de silence, je suis heureuse de retrouver ces sensations. Puis, la surprise, l'ironie du sort, le message subliminal ?... Le président de Groland fait son apparition pour poser les bases : "C'est l'histoire de François et Françoise. Françoise aime François, mais François ne la voit pas, puisque Françoise est l'ombre de François." Déstabilisée, la rêverie reprend ses droits lorsque le premier corps se roule sur les notes des cordes majestueux. Les ombres se jouent des lumières, les tissus légers et plissés cachent cachent les corps en mouvement. En parallèle cette magie qui désarticule les hommes dans la plus grande fluidité du son, et cette très belle mise en image de la réflexion autour de l'ombre et son sujet.

Riche de sens, d'esthétisme et de rires, aussi, Découflé offre dans Sombreros un très bel éventail des possibilités offertes par le ballet contemporain. On ne niera pas certaines longueurs sur la fin, mais elles sont largement excusées par l'énergie mise dans la recherche de procédés visuels qui étonne le spectateur à chaque nouveau tableau. Je ne saurais que vous conseiller d'y aller pour réchauffer vos sens en ces longues soirées d'hiver...

Sombreros au Théâtre National de Chaillot, c'est jusqu'au 13 décembre 2008.
Tarif hors réduction : 27,50 eur.

mardi 18 novembre 2008

Jour 441 - Encore une victoire de Pénélope

"Le Parisien, mieux vaut l'avoir en journal", certes. Dans un sens, ce n'est pas faux, mais il peut aussi avoir de l'idée ou un jolicoeur ! Oh, elle est facile, je le sais, mais que voulez-vous, ça m'irrite de savoir que les blogueuses qui me font travailler les zygomatiques tous les jours se font régulièrement attaquer sur leur propos trop parisiens, dixit Margaux Motin. Aloooooors...

Laissez-vous tenter par cette très belle initiative de Pénélope, qui nous a ouvert un site exprès pour afficher plein de nouveaux talents tout en récoltant des sous pour la Croix Rouge !


Le principe est très simple. Mode d'emploi : tous les jours, rendez-vous sur le site. Rigolez devant une nouvelle planche BD. Ca y est ! Vous venez de faire un don pour le Noël d'un enfant. Sans blague ! Mais oui, votre CB est intacte, votre seule visite aura suffit ! Ah, il fallait y penser hein ? Encore une victoire de Pénélope... Allez, filez, promouvez mes amis, c'est par là : monbeausapin.org

jeudi 13 novembre 2008

Jour 437 - ou quand Jimi Hendrix est mort


J'aime mon travail. Je m'y rends avec le sourire, et mes meilleures journées sont celles dont je ressors en plein fou rire. Et, croyez-moi, cela arrive !

Avoir la tête dans le guidon ? L'expression n'est pas à prendre à la légère. Une bonne dose de stress, un combiné qui a la décroche facile et les âneries les plus drôles sont à portée de main.

18h30, acharnée sur un problème de plusieurs heures, les téléphones qui chantent à tue-tête et en polyphonie. Tout le monde attendra, je mélange tout, la fée clochette se fait prendre par Marc Dorcel qui mange des piccolini halte, stop, tous les clients zoukent dans ma tête. Riiiiiiiing ENCORE, cette fois-ci, le nom de ma DG s'affiche. Je vais rire ou pleurer, c'est sur, il n'y a pas de demi-mesure et c'est pour ça qu'on l'aime. Cette fois-ci pourtant, ce sera les deux.
"Moi : - oui ?
Elle : - Le site est hyper bien positionné sur Jimi Hendrix, pourquoi est-ce qu'on n'a pas fait une news pour annoncer sa mort ? Que fais-tu, ça vient de tomber !!!"
Moi : Clochette et Marc arrêtent de partouzer pour un instant - "Bah, c'est pas trop dans la cible, mais tu as raison, c'est hyper craignos, j'appelle tout de suite les rédacteurs !"
Sans réfléchir, je compose mortifiée le numéro de ma rédactrice musique, mes doigts s'emmêlent, l'adrénaline est à son comble.

Puis... Parce que quand même, on a TOUJOURS de bons réflexes dont on ne se croyait pas capable...

Je vais regarder les infos que notre site contient sur ce bon vieux Jimi...

Lorsque, en tapant son nom, mes neurones se décident à communiquer et à ressortir du tiroir musique de mon alambique cérébral : "Jimi Hendrix, mort dans les années 70"...

Je ne comprends plus, son nom est dissonant, les dates se mélangent, j'ai mal compris ?

Je reprends mon téléphone la queue entre les jambes pour rappeler ma DG...
Moi : "-Heu... Allo ?... Dis moi, est-ce qu'on a une nouvelle base-line du type "L'actu, 40 ans plus tard ?" OU TU DEBLOQUES COMPLET ?"

Silence radio... Elle pleure déjà de rire alors que les larmes se pointent à l'orée de mes cils. La tension éclate en gloussements, nous rions à gorge déployée de ces situations burlesques auxquelles notre course au scoop donne parfois naissance.

Pour info quand même, Jimi Hendrix est bien mort en 70, c'est son batteur, Mitch Mitchell qui s'est éteint aujourd'hui, de causes naturelles apparemment.

jeudi 6 novembre 2008

Jour 430

Pour une fois... Je crois que j'avance ! L'alambique ultra tarabiscoté que l'on nomme plus simplement cerveau a ses humeur, et comme un enfant, il nous soumet à ses caprices et ses poussées de croissance. Alors que je m'étais faite à l'idée d'observer sa lassitude l'engourdir peu à peu, le voilà qui nous fait une petite révolution !

Monsieur en a assez et souhaite se manifester ! Il se fait peur, il se protège, il se bouscule mais il m'impressionne ! Il m'apprend à lui faire confiance, il m'autorise des humeurs, il oublie peu à peu la signification du terme "aphone"... Il comprend peu à peu que la justesse n'est pas dans le déni. Il m'autorise enfin, à être terriblement en colère, terriblement touchée ou emballée.

Je peux enfin dire qu'un acte est ignoble, je peux malgré tout ne pas haïr tout son contexte, je peux enfin arrêter de t'excuser perpétuellement de tes faiblesses, je peux enfin te dire "merde" et ce soir, ça sonne comme une libération. Sans amertume, et même avec amour, parce qu'il y a tout ça dans mon alambique.

mercredi 5 novembre 2008

Jour 429 - Bridget est dans la place

Je me fais livrer la pizza la plus calorique de tout les prospectus trouvés dans ma boîte aux lettres, je m'avachis par terre adossée au canapé, télécommande à la main. Je m'empiffre, du gras plein les doigts, devant une série américaine. Il n'y a que moi moi et moi, de toute façon, tout est nul, ce monde ne tourne pas rond, je n'ai jamais vu un flingue, il y a la guerre des gangs aux USA, il y a des éthiopiens qui meurent de faim sur mon écran LCD, il y a des gamines qui manquent d'hélicoptères pour voyager avec leurs copines quand il me manque 200 euros pour m'acheter les chaussures de mes rêves et la moitié de la planète qui s'est levée en pleine nuit pour voir l'élection du premier Président noir des Etats-Unis d'Amérique. Je suis fatiguée, je boude et c'est comme ça, mais comme ça fait du bien...

vendredi 31 octobre 2008

mardi 21 octobre 2008

Jour 420

6h30... 8h15. Déjàààààà ? Montée de chaleur, redescend aussi tôt. Arf... Encore une minute, je serai en retard, tant pis. Ok, alors je suis où ? Qui ? Je fais quoi ?

Les idées en places, extirpation de la couette. Je titube jusqu'au miroir, me frotte les yeux avec beaucoup moins d'énergie que celle que l'effort accompli pour actionner mon bras m'a demandée. Persuadée que non, c'est sur, ils vont s'ouvrir plus grand que ça, c'est le moment où je saisis la cruelle réalité : j'ai ENCORE trop bu la veille. Soit. Demain... J'arrête ! En attendant, je fonce vers le remède miracle, cette petite poudre dont on nie toujours s'être empâtée, à une vitesse bien en deça de mes espérances encore une fois. Je déteeeeste quand la petite voix me dit "accélère" et que mes jambes lui répondent "molo paulette, on s'détend !". Fatiguée de ce dialogue de sourd, j'opte pour la pause maquillage, retour sous la couette, miroir à la main. Une rangée de cil... 10 minutes... 8h25 .... Merde ! une rangée de cil... 15 minutes... 8h40... Ca craint... Bref, au bout d'une demi-heure, je viens à bout de mes 4 rangées, je regarde fièrement le résultat, tout a coulé tout est collé, il ne faut pas s'endormir quand on pose son mascara. Je suis beaucoup trop en retard, je sors, l'ascenseur, j'ai oublié l'adresse de mon rdv, je remonte, l'ascenseur, j'ai oublié mon parapluie, je remonte, l'ascenseur, je suis dehors.

Je suis dehors et je suis parisienne, je mets un pied sur le pavé mes jambes courent devant moi. Je suis devant. PARIS, c'est ici. Effacer son sourire, marcher droit, vite, faire semblant de savoir où l'on va. Ici c'est la guerre, ici c'est la jungle, ici, c'est marche ou crève, ici, c'est le métro. A chaque marche qui me rapproche du quai la pression monte. 8h55, 10 000 urbains s'affairent mallette à la main, laptop à l'épaule, les yeux baissés. C'est comme si on avait tous une nouvelle paire de Rossi à contempler, 10 000 fashionistas armés de leur dernier accessoire de mode, le sourire en moins.

La guerre ça commence quand le premier poilu pousse pour monter au front avant vous. Le char d'assaut n'est pas encore là qu'il doit être le premier sur la ligne. La bête arrive. Pleine, elle regorge de ses petits soldats qui ne descendront pas pour laisser la place à d'autres. Attendre le prochain... Sentir la fouine de derrière qui vous prend pour Casper et essaie désespérément de se faufiler à travers vous pour monter coûte que coûte dans le wagon... Sentir que la colère monte, doucement, doucement, et qu'on va se retourner pour lui dire "CONNASSE PERSONNE NE MONTE J'EXISTE MOI AUSSI JE SUIS EN RETARD, MOI AUSSI JE VAIS AU BOULOT, MOI AUSSI JE ME SUIS FAITE PLAQUEE, MOI AUSSI J'AI UN BOUTON QUI A POUSSE CETTE NUIT, MOI AUSSI J'EN AI MARRE DE LA PLUIE" dans le fond, et un courtois "C'est fatigant ce métro, personne ne monte... A la prochaine rame peut-être ?" dans la forme.

Les détails du trajet qui suit cette scène feront l'objet d'un autre post... Y penser me fait rire et m'épuise, je vous laisse sur ces risibles déboires de la vie urbaine.

mercredi 8 octobre 2008

Spéciale Kasdédi à mes cocottes de Condé

"Nouveau nom, nouveau blog". Elle nous a quittées pour les mecs en jupes, et parce qu'elle en avait marre de voir la vie d'en bas en prenant le bus (faut croire...). Elle a cet air d'avant, ces détails qui me touchent tant parce qu'elle est d'un temps que j'aurais bien connu. Elle sort d'antan avec ses finesses, ses préciosités, sa délicatesse et tout ce qui laisse penser qu'elle a du s'appeler Princesse.

Du tricot à l'illu en passant par... les fanions ! Elle recèle de trésors. A découvrir d'urgence sur son blog : Mission Grenier.



Rat : Rat c'est la seule qui peut m'appeler "mon chien" sans que je devienne hystérique (ce qui se traduirait par "Ohhh dis donc, peut-être ce nom là n'est-il pas très approprié"). Parce que ça sonne bien dans sa bouche, parce nos divergences me font rire, parce que je la trouverai toujours excessive et qu'elle me trouvera toujours trop calme quand elle s'énerve, parce que j'aurai toujours peur qu'elle pique une crise contre moi et qu'elle aura toujours peur que je crois qu'elle peut piquer une crise contre moi, c'est ma plus belle hotline (ma plus grosse facture de téléphone au passage), mon châle d'hiver. Celui qu'on oublie parfois au quotidien, mais qui fait froid quand il s'en va, toujours serré là contre soi, qui éponge les larmes en évitant qu'on se mouille, qui nous fait rire quand il nous chatouille le nez. Mon rat perçoit beaucoup de choses l'air de rien, c'est ce qui lui donne la force de nous jouer son opé-rat.

Casse-Noisette, extrait du blog opé-rat

Et je pourrais en citer bien d'autres... Chacune élève son tas d'or à force de bouts de ficelles, de 3M qui colle les doigts, de petits papiers, de carton déchiré. Chacune sur un chemin différent mais s'éclaire à chaque fois qu'ils se croisent.

mercredi 24 septembre 2008

Dancing queen l'indétrônable

Ahhh non, on ne va pas aller voir ça c'est nul ! Mais si, on va y aller ! ABBA quoi ! Allez viens !

Finalement, ça résume pas mal la situation.

Parce que j'ai vu nombre de film ces derniers temps censés être "vachement plus socialement criticables" mais qu'une demi-heure après, malgré tous mes efforts, les quelques images éparpillées dans les méandres de mon cerveau m'ont plongée dans l'incapacité totale de reconstituer l'histoire et d'en faire la critique, c'est de Mamma Mia que je vous parlerai.

Je ne peux décemment pas dire que c'est un bon film à tout point de vue, mais il faut lui reconnaître une qualité d'or : difficile de sortir de la salle sans sautiller.

Prenez quelques chansons d'ABBA, l'extraordinaire Meryl Strip, le beau Pierce Brosnan et l'angélique Colin Firth. Imaginez le tout dans une comédie musicale... Vous pensez obtenir ? Une comédie sensationnelle réglée comme du papier à musique. C'est là que réside toute la difficulté.
ABBA : un mythe de la chanson, de la scène, du show. Dancing queens des années 70, elles supportent très mal de se voir adaptées dans des chorégraphies très approximatives qui frôlent le grotesque et le surjoué. On y admire le sourire et l'énergie investie par la méchante sorcière d'Il était une fois, mais rien à faire, on n'y croit pas.
Le scénario : sans surprise, il sert en toile de fond à lier les airs les uns aux autres. Peu importe, on ne venait pas pour ça de toute façon.
L'image : Pas de grande surprise cinématographique mais de beaux plans immersifs et en rythme, c'est déjà pas mal ! Plutôt réussi de ce point de vue, les plans et le montage participent activement à la transmission de l'émotion. De très belles lumières par moments ajoutent à la magie des images.
L'émotion : Quelques rires, qu'on ne sait plus bien avoir émis forcé par le ridicule ou pour un vrai comique de situation, et surtout une immense envie de vie, de fête et de danse bien sur.

Bref, du ABBA en images pendant 1h50, aussi médiocre que soit le film, le pari est réussi : je n'aurai pas oublié dans une demi-heure, je le reverrai en DVD et là tout de suite j'ai une sacrée envie de croquer la vie à pleine dents et d'entraîner les passants sur un podium multicolore pour.... oouuuuuuouuuuu Danciiiiing queeeeeen !


lundi 22 septembre 2008

Glisser vers l'hibernation

J'ouvre un oeil, il fait tout noir. Laissez-moi encore rêver un peu. Je cours dans mon bain, je me recroqueville sous la douche, trop froide, trop chaude. Je regarde mon armoire, ça déborde mais je n'en veux plus, samedi, j'irai faire les boutiques. Le nez dehors, qui cherche un abri dans mon foulard, les gens qui marchent vite, le gris qui dégouline sur les couleurs des vitrines. Les cheveux en bataille, tapis entre la laine et le cuir, un air de musaraigne qui se faufile dans les couloirs du métro.

Se blottir dans un café, avoir envie de thé. Raconter des histoires, refaire le monde, se dire qu'on s'aime, et s'imaginer ce qu'on fera après.




On the sunny side of the street en toute intimité, le rouge qui teinte les joues, envie de crêpe, assise dans le velours sous une voûte de pierre, une lumière orangée réchauffe la peau. Voir la vie en sépia-brun, regarder passer des vieilles voitures, des femmes engoncées dans leur manteau col claudine, les cheveux encore tout marqués de bigoudis, entendre le claquetis de leurs talons sur les pavés, s'émouvoir de l'élégance de l'homme qui leur ouvre la porte. Fixer le coeur du tuba et attendre qu'il en sorte la fumée enchanteresse du tabac qui se consume, enlaçant l'homme accoudé au bar qui savoure son bourbon, celui qui bat du pied avec alégresse, hissé sur son tabouret, celle qui charme derrière la dentelle de son chapeau. L'harmonie des sons qui accompagne l'ouverture et la fermeture de la porte.

Des broderies fines plein la tête, l'esprit strié aux petits carreaux, fouler le pavé au rythme de fred Astaire, regarder le reflet des lumières sur la Seine. Mains ligotées dans les poches, le nez tout rouge, enfoui dans une écharpe, se parler de littérature, se raconter une époque que l'on n'a pas connue. Ne plus s'écouter, se regarder. Serre-moi tout contre toi.

Pssssst ! Paris, je crois que l'hiver frappe à notre porte.

jeudi 18 septembre 2008

Et maintenant

Avoir envie de se lever tôt,
Ne pas voir sa journée passer,
Prendre une heure pour penser à soi,
Etre satisfait du travail accompli,
Avoir envie de parler avec chacun,
Réapprendre à dire bonjour,
Etre disponible pour écouter,
Sortir,
Discuter,
Rigoler,
Ne rien attendre,
Rentrer tard en titubant,
Et avoir hâte d'être à demain pour tout recommencer.

C'est simple, de vivre.

lundi 15 septembre 2008

L'antidote

Et c'est reparti...




Assise là, la clope au bec, l'estomac crevé à la caféïne, écoute... Il y a toujours une musique plus forte que le reste pour t'attraper et te dire "Hey, mais qu'est-ce que tu fous là ? Just enjoy !". C'est celle qui te fait hocher la tête, qui te chatouille l'épaule et qui te renverse le sourire. Tu te lèves, tu jettes un regard plein d'affection derrière toi, tu dis au revoir au passé, bonjour à demain et ton baluchon sur le dos, tu pars construire ailleurs.

Cette fois ci,
Ça f'sait 1, 2, 3, Pretty mama
4, 5, 6, I miss you
7, 8, 9, Cannot get enough
10, 11, 12, I ain't got the blues...

dimanche 14 septembre 2008

Web 2.O, qu'est-ce qu'on rigole !

Si vous saviez...

On se link, on comment et on finit dans une micro-blogosphère... Un statut facebook, le post d'un blog et tout se recoupe. Alors, on tombe sur ce qu'il ne fallait pas lire, sur ces mots qui font si mal parce qu'ils sont dits par une autre. Et puis ce commentaire... Le jeu de 3 personnes cachées derrière leur écran, qui laissent s'envoler leur message sur la toile avec insouciance. J'assiste à ce spectacle incroyable, cette situation abracadabrante où tout le discours est clairement faussé par l'anonymat permis par le web. Je suis maître du jeu : seule à en avoir toutes les clés, forcée d'observer, condamnée au silence, enfermée dans ma souffrance, alors que je voudrais à tous vous dire :

Si vous saviez...

vendredi 12 septembre 2008

mercredi 10 septembre 2008

Mais... J'aurais donc encore mon propre cerveau ?

On se tait pendant des mois, on se persuade de n'avoir rien à dire parce que de toutes façons on ne sait plus ce que l'on pense. Et puis un jour, une variante dans le contexte et les mots vous reviennent, on se surprend à avoir un avis et à avoir envie de le partager, juste comme ça. Ca n'enlève rien à l'écoute ni à la réflexion, ça donne juste envie de rebondir et d'en discuter encore. C'est simple, bête et méchant mais ce soir, j'ai retrouvé ma langue...
Certaines questions s'imposent.

dimanche 7 septembre 2008

Je connais une Caravane... Et je t'emmène allez, viens !

Paris tu paries que je te trouve un recoin où tu caches le plaisir d'une table toute simple où l'on trouve la chaleur d'un verre à la bonne franquette, les lumières d'une fête espagnole et les saveur du voyageur ?


Levez la tête, c'est cette petite caravane qui dépasse des balustrades... Juste en dessous, la porte. On y entre parce qu'il y a toujours quelques sourires et des couleurs chaudes qui appellent à s'installer quelques minutes au moins. La table de cuisine de grand-mère, les bancs en bois, on s'assoit. La passoire s'en est allée servir de lustre, à l'instar des bassines à linge.

Jusque là je veux bien, mais si c'est autant le bazar dans la cuisine que dans le décor, je crains que de me retrouver avec des écrous en guise de coquillettes dans mon assiette... Un coup d'oeil sur la tableau en bois, on oublie les coquillettes. Ce soir, ce sera contractuelle en vacances, ou s...s....sne... Impossible de me rappeler tous ces noms plus farfelus les uns que les autres. Tout ça pour dire que le s... en question est un petit wok de légumes parfaitement cuisiné, accompagné d'un riz (que je choisis toujours gluant, il est parfait !), vous m'en direz des nouvelles. Fin, surprenant, sain, un vrai bonheur pour les sens, dans un cadre idéal pour une soirée entre amis et quelques confidences autour d'un verre.

Le mieux c'est qu'on y reste longtemps, pour la serveuse d'abord, qui ne manque ni de sympathie, ni de charme, mais aussi parce qu'ici, repartir avec la peau du ventre bien tendue c'est possible à un prix bien provincial... A 9,50 euros le Wok, pas de quoi se priver...

Rassasié, on discute volontiers autour d'un verre juqu'à ce qu'un voisin vous attrappe par le coude pour aller tournoyer entre les tables sur un air entraînant. On se connaît ? Non ? Et alors ? Vous reprendrez bien un mojito ?

Un conseil, pour manger, pensez à réserver, c'est plus sûr.
La caravane
35 rue de la Fontaine au Roi 75011 Paris - tél 01 49 23 01 86 - la.caravane@neuf.fr

mardi 2 septembre 2008

Une belle rencontre

Je ne parle pas d'amitié. Je parle d'une belle rencontre.

Une amitié, ce sont ces petits instants complices qu'on savoure comme des roudoudous, et dont on reprend volontiers parce qu'ils ont un goût d'avant, de tendresse, de sourire. On apprend à connaître leurs parfums, on les partage, on les aime ensemble.

Une belle rencontre, c'est un détail, quelque chose d' imperceptible qui vous sussure à l'oreille qu'il faut l'écouter. Alors, une sorte d'affection démesurée et déraisonnée éclate du fin fond des tripes. C'est effrayant. D'abord. Puis on apprend à l'apprivoiser. Il faut la mettre en forme, pour la livrer maladroitement à l'autre, sans l'effrayer. C'est une proximité indécente, singlante de sincérité mais qui violerait toute règle de sociabilité si elle se disait en l'état. C'est savoir sans parler et sans connaître. C'est la force d'un aimant qui a trouvé un pôle complémentaire sans signe de reconnaissance apparent, animé par son irrésistible envie d'aller vers l'autre, sans même pouvoir définir ce qu'on en attend.

Je crois qu'une telle force ne prend pied que dans la réciprocité. Heureusement, car c'est la seule voie vers le soulagement : l'autre peut alors accueillir à bras ouvert ces bribes d'émotions qui n'ont pas besoin d'être analysées et ordonnées. En se complétant, elles apaisent le coeur et fraient un chemin à l'aube d'une relation, qui verra ou non le soleil se lever. Quoi qu'il arrive, ce moment aura vu la plus exquise des rosées du matin.

Je vous livre cela parce qu'à l'heure où tout me lasse et me fatigue, une belle rencontre brille sur mes journées. Avec elle, je ne souris jamais machinalement, je souris avec mon coeur. Son regard peut me tirer larmes de crocodiles comme rire de baleine, instants de vie, à l'état brut.

Des instants magiques et sûrs parce que devinez-quoi... Contrairement à ce que nous appelons communément "amour", cette chose là n'obéit à aucun engagement et aucune contrainte. Elle est à chaque instant et n'appelle pas le suivant.


mardi 26 août 2008

Un jardin de Violette

C'est là, juste là. Je n'ose pas traverser, jusqu'à ce jour là. Je pousse la porte, c'est ailleurs. Le temps s'est arrêté, l'ordinaire fait l'extra-ordinaire. Mes paysages volent en senteurs, mes années en couleurs, une fleur pour une humeur.


C'est plus léger que l'air, partir ensemble pour l'apesanteur, s'émerveiller... Synesthésique.

Etre. Ensemble.

mercredi 20 août 2008

Princesse Roro

Le p'tit nom que me prête mon papa depuis 23 ans bientôt.
Et je l'entends déjà à l'entrée de l'église, me dire de son air nonchalant, comme si, un matin de plus on partait à l'école, "En route Princesse Roro ?".

Gaz de soie et lin - Reinaldo Alvarez

Elle me plait par dessus toutes les Max Chaoul, elle me plait par dessus toutes les plus fines broderies, elle me plait parce qu'elle est simple, essentielle, avec un soupçon de rétro.

NB : Post inspiré de la bonne nouvelle du jour...

lundi 18 août 2008

Summer Office

Oui, je sais que cela fait longtemps, et comme moi vis-à-vis des blogs que je parcours régulièrement, vous vous êtes peut-être insurgés contre tous ces bloggueurs qui abandonnent lâchement leurs lecteurs pendant les congés d'été.

Et vous avez raison ! J'ai effectivement arrêté d'écrire les fesses dans l'eau, les cheveux au vent... liquéfiée derrière mon 44 pouces, desséchée par le ventilo. Ah l'été au bureau... On se fait un roi du silence au détour d'un couloir, on se persuade d'être créatif tout embétonnés que nous sommes alors que les SMS from oversea affluent et quand le fixe sonne, on croit à l'alerte incendie.

Oui mais l'été au bureau, c'est aussi ces p'tits moments volés autour d'une cigarette, ceux où l'on a le temps d'écouter le récit d'un week-end entier, de prêter attention à tous ces prénoms, ces lieux, ces détails qu'on n'avait pas relevés jusqu'alors et qui se mettent à danser autour du conteur, et qui nous entrainent toujours un peu plus loin dans la valse des rapports humains. C'est cette période où ce qu'on croirait être manque est nourrit d'apaisement, où l'on réalise combien ce qui semblait indispensable n'est que poids. Alors on en profite pour rééquilibrer la balance et on savoure l'équilibre.

Puis vient le temps des retours, qu'on n'aurait jamais voulu vivre... Les résolutions volent en éclat, les sentiments reprennent leurs droits et finalement, c'est là l'indispensable.

dimanche 27 juillet 2008

Ca brûle, je vis

Je voudrais vous parler des milliers de choses qui me fascinent, je voudrais pouvoir vous entrainer dans mes délires créatifs, dans les frasques de mon imaginaire, dans ce qui me fait rire, dans ce qui me passionne... Pourtant en ce moment je n'y arrive plus parce que j'ai besoin chaque jour d'expulser ce qui me fait violence, et rien d'autre que L'Autre ne peut me faire violence.

Rubens - La chute d'enfer des damnés
Huile sur toile 225x288 cm - 1620

Peut-être trouvez-vous cela triste, mais pour moi c'est un choix. Ayant conscience de mes faiblesses sur ce terrain là, j'ai choisi de les laisser être plutôt que de les combattre, pour mieux m'appuyer ailleurs. J'ai édifié une forteresse autour de mon coeur, tout y est stabilité, volonté, il y a là de quoi supporter même un peu de la détresse étrangère mais la cour centrale n'est qu'un vaste puits où je laisse en ébullition mes sentiments. Plus ils menacent de jaillir au delà de mes murs, plus je construits haut. Je suis plus à l'aise quand je fais ma ronde sur ma sentinelle de pierre, évidemment, la lave me terrifie, elle brûle mais jamais je n'éprouve plus grande vie que lorsqu'elle fait mal ou qu'elle me chauffe de ses grands jets pourpres.

Description d'une banalité affligeante me direz-vous, et vous aurez raison. Mais une fois de plus, j'expulse, je m'écris, je ne cherche pas à vous apprendre.

vendredi 25 juillet 2008

N'en faire qu'à sa tête

Cette fois ci, celui qui tentera encore de me raisonner finira fou avant d'avoir réussi son pari (et c'est valable pour toi, exécrable petite raison qui loge dans un coin de ma tête).
Non mais saperlipopette, il aura encore fallu que je la retente cette expérience du "faire ce qu'il faut" à défaut de "faire ce que je veux", pour me rappeler que même ce qu'on sait être rationnellement mauvais a une raison d'être quand on le désire.
Alors oui c'est chiant parce qu'après tout le monde se prend les éclaboussures de mon p'tit coeur qui s'éclate sur les montagnes russes (excuses infinies mes chères amies du bureau des pleurs), mais au moins ça sonne juste.
Les bonnes résolutions sont mises au placard jusqu'à nouvel ordre, je n'en fais qu'à ma tête et j'aime ça.

mardi 22 juillet 2008

Extrait d'un tout

My name is Hallam Foe

Chuuut... Tu te nourris de sa présence, tu l'observes tapis dans le noir parce que ça suffit à ton bonheur, parce que quand il est à portée de vue, il peut vivre dans ta tête. Tes rêves te donnent des ailes, tu figerais le temps pour vivre encore dans ces paysages. Ca te suffit et ça te comble, tu n'as pas besoin qu'il te touche parce que tant que tu rêves tu n'as pas mal, parce que s'il te regardait, ce serait si irréel que tu croirais ne l'avoir jamais vécu.

"Pince-moi", tu te rappelles ?

lundi 21 juillet 2008

mercredi 16 juillet 2008

Et puis zut !

J'ai envie de rire autant que de pleurer, j'aimerais envoyer valser ce blog quand je vois ce ramassis de tristesse et puis je me dis zut on s'en fiche, quand j'en lis d'autres que je n'aurais pas aimé qu'on efface.

C'est la valse dans ma tête, idées et sentiments sont à la fête, fatigué de s'épancher sur son sort, le comité des torts s'est dit qu'il était temps de faire quelques claquettes.

Toutes les couleurs pour mon p'tit coeur ce week-end, et comme c'est peut-être trop, il s'est accordé un peu de repos. Ironie et légéreté l'ont relayé pour venir vous raconter...

- Aïe, aïe , aïe ça pique, ça fait mal, mais je m'en moucherais encore de bonheur, parce que... J'étais bien, vraiment.

- Ca fait du bien de n'en faire qu'à sa tête et puis tant pis pour le reste.

- Je grandirai un jour mais laissez-moi encore faire des bêtises, parce que même si ça fait peur, ça fait beaucoup de bonne humeur...


Ce matin j'ai pris le bus. Il faisait beau. Je portais ce dont j'avais vraiment envie. C'était simple. Il a fait beau toute ma journée.

mardi 8 juillet 2008

De l'utilité d'un blog

Depuis que tu existes, je vide. Ce n'est plus la déchirure que je vomis de toute mon encre mais plutôt l'envie de te parler, de t'animer. La profondeur s'estompe à mesure des messages, j'en arrive à la futilité. Je te déteste parce que j'aurais voulu que tu ne leur ressemble pas, dans un souci de diversité bien sûr, mais aussi, je m'en rends compte aujourd'hui, parce que tu incarnes narcissisme et égoïsme. Pourtant, tu m'es nécessaire, tu supportes mes maux et je peux enfin te regarder en face.

Ne compte pas sur moi pour t'offrir les grands titres, je suis trop consciente que tu ne fais vraiment sens que pour moi. Mais au fond, c'est déjà beaucoup. Tu te caches de tes visiteurs, mais leurs traces me rattrapent toujours. Chaque lecteur est violence, parce que c'est un regard de plus sur ma mise à nu, pourtant, je l'ai voulue. J'ai voulu que ceux qui veulent voir regardent, pour que je n'ai plus rien à cacher. Je ne cherche pas l'exhibition, seulement la transparence.

Ohhhh, mais je suis bien consciente de la névrose que trahissent ces mots, c'est justement une tentative de salut. Et puis il y aussi derrière tout cela le mal d'un siècle... Celui qui nous permet de glaner les détails tapis derrière l'écran, celui qui nous offre le voyeurisme sous couvert de sociabilité, alors même qu'il nous dé-sociabilise. Le temps charmant que l'on savait passer à la découverte de l'autre par le dialogue est allé se réfugier dans la solitude, nous laissant explorer seul les joies d'être ensemble. C'est poison, pathétique mais ça me va.

Pour finir, laissez-moi relever le silence hurlant dans lequel on a dû s'enfermer malgré nous, pour avoir tellement besoin de prendre la parole seul. Se raconter en pleine page sans laisser aucune chance à un éventuel interlocuteur de nous couper la parole ? Loin d'être insignifiant, non ? Finalement, peut-être touche-t-on du doigt le moyen le plus accessible que l'on ait inventé pour se dire, et pour certains, pour s'offrir l'écoute. C'est avant tout dans ce profond besoin d'expression que l'art avait déjà pris pied, mais le blog semble avoir des qualités plus consensuelles.

Il serait peut-être temps de ne faire de l'orgueil qu'un demi-péché...

I'm not going to think about...

samedi 5 juillet 2008

Hey, Dude, t'as un problème ?


Que celui qui, aussi rationnel soit-il, n'a jamais eu l'impression que la vie s'obstinait dans la volonté de lui transmettre un message, me lance la première patate chaude (ndlr : sachez, mes chers squelettes, que Jésus s'est vu légèrement réadapté à l'aire numérique, la lapidation ayant laissé place à la patatisation).

C'est une suite d'évènements qu'on confie d'abord au hasard, jusqu'à ce qu'il flirte avec la formidable machination. Alors qu'on prend chaque épisode pour dernier, plus incroyable encore que le précédent, c'est un nouveau deus ex machina qui entre en scène. Riant de mon incrédulité, il se pavane alors que j'essaie encore d'appréhender la situation.


Mais comme d'habitude, je comprendrai plus tard le sens de ces enchaînements parfaitement orchestrés. Comme d'habitude, je sais que la réponse est logique et là, depuis le début. Seulement, aujourd'hui, j'ai juste envie de crier : "Hey, Dude, MAIS QU EST CE QUE TU ME VEUX ?"

mercredi 2 juillet 2008

Tout vient grillé à qui sait passer


Une fois de plus. Ces choses qu'on n'espère plus parce qu'on pense en avoir fait le deuil nous rattrapent TOUJOURS. Combien de fois ai-je souhaité que la conviction que je mets en cette phrase soit si forte que je n'en doute jamais plus ? Elle m'apparaît indubitable, pourtant demain déjà, elle sera loin.



Je me suis battue des années contre les murs, j'ai cherché à comprendre, j'ai cru dire ce que qui n'a jamais été entendu. Recherches vaines à l'extérieur, j'ai creusé dedans... Creusé, creusé jusqu'à faire le vide, celui où je pourrais me perdre.

J'ai attendu l'échelle, elle ne vient jamais. Heureusement. Comme d'habitude, j'ai tout comblé, très vite, pour pouvoir remonter. Et creuser, encore. On croit panser ses blessures par le temps de l'oubli, mais c'est à peine si on les masque. On ne les regarde plus, on va se mutiler ailleurs. Et puis un jour, le remède se pointe, alors même qu'on n'en voit plus l'utilité. On se dit pourquoi pas y retourner, ça ne fait plus mal. On se casse la gueule sur notre pansement de fortune et peu à peu, le remède comble la plaie. On réalise combien la guérison est libératrice.

Alors, un sourire ému aux lèvres, on regarde les "si" se battre pour réinventer l'histoire de ce moment dont les ratures ont fait le présent. Les larmes coulent, c'est chaud, c'est bien, ça part, enfin.

On bannit celui qui a choisit d'appeler "mystère" l'ensemble des réponses perdues en soi qu'on n'a pas su où chercher, on se promet que la prochaine fois, on se dira. On ouvrira les yeux, on se rappellera et on saura.

Serein, on se retourne et on repart.

Nouveau chantier, nouveaux outils, on pourrait construire plutôt que de détruire ? Oui, mais... Si cette fois-ci, c'était différent ? On va peut-être remettre le mot mystère dans le dictionnaire.

Finalement, tout vient à point.

mardi 1 juillet 2008

La relève


On en reparle...
Delacroix - La Grèce sur les ruines de Missolonghi -1826
Huile sur toile - 209 x 147 cm
Musée des Beaux-Arts - Bordeaux

dimanche 29 juin 2008

Le soleil se lève à l'ouest



Qui se fout de nous ?

J'adore regarder les paysages qui défilent par la fenêtre, j'adore ces entre deux où je rêve sans complexe parce qu'ici, personne ne se force à croire que c'est une perte de temps. Je voudrais qu'on n'invente jamais la téléportation, je voudrais qu'on arrête de gagner du temps physique au détriment du temps spirituel, parce que je veux encore passer du temps dans ma tête.

Je le trouve magique, cet espace immatériel qu'on a pensé à nous installer dans le modèle de base, avec le critère faculté de représentation en prime. Ces instants où, tout devient possible, quel que soit le contexte physique dans lequel nous nous trouvons, ce compagnon de voyage, qui, tour à tour, passe le temps, réjouit, excite, comble, rassure... Dans cet espace, les essentiels de la réalité redeviennent pions, qu'on a le droit de réagencer pour reconstruire un monde, selon d'autres critères de temps, d'autres hypothèses, d'autres lois. C'est peut-être là que réside notre plus grande liberté.

Comment a-t-on eu cette idée folle de donner vie à un être dont l'existence n'a aucune finalité, mais dont la complexité a de quoi l'occuper toute une vie ? Qui s'est dit un jour, on va monter un truc avec un ring de boxe à l'intérieur (une scène, ou un lieu de débat, ça dépend des cas) et puis on va ajouter 5 petites portes sur l'extérieur histoire d'alimenter les débats et on va le laisser discuter avec lui même toute sa vie ? Il sera son pire ennemi comme son meilleur ami, capable de se torturer comme de se sauver. Bien sur après, il y a eu quelques réglages pour pofiner l'engin : 5 ouvertures qui ne captent pas la même chose pour avoir des degrés d'impression différents, la possibilité de les combiner pour créer des explosions d'humeur bref, des astuces pour qu'il y ait encore plus d'action et de quoi s'occuper à vie, même quand "le truc" aura trouvé comment se conserver 500 ans en vie.

Si l'on envisage les choses sous cet angle, Dieu pourrait bien exister. Qui d'autre qu'une personne dotée de conscience aurait pu monter cette mascarade ? Mais cela repousserait finalement toutes les questions humaines à son rang. Pourquoi aurait-il besoin de s'occuper, de rire ou d'expérimenter ?

Il semble que ces interrogations doivent rester en l'état. En tous cas, le doute et l'incertitude pourraient bien être des conditions sinéquanones à cette théorie. Car si l'homme pouvait avec exactitude confirmer cette hypothèse, il risquerait de renoncer à son destin de cobaye... Dieu aurait-il légèrement merdé en nous inculquant la recherche de finalité plus que l'expérimentation ? Bizarre... Les deux sont pourtant terriblement liés puisque nous ne progressons que parce que nous courons après un but et que c'est en cela même que nous pouvons tenir notre parfait rôle de cobaye...

jeudi 26 juin 2008

Et puis l'Afrique

Elle a pris sa place il y a déjà longtemps. D'un coup d'un seul, elle a décidé que toutes les couleurs me seraient fades à côté des siennes, que son parfum serait chez moi, que sa vie serait mon rythme. Alors c'est toi que je suis venue voir pour prendre le temps de rêver.


Oui, mais voilà, pour la toute première fois, c'est la réalité qui m'a prise comme compagnon de route, jusqu'au bout.

Est-ce là l'effet des charmes du quotidien, qui, s'étant décidés à déployer leur grâce, se montrent enfin à la hauteur de mes ailleurs ? Est-ce, à l'inverse, le quotidien qui se débat et piétine l'utopie de toutes ses forces ?

Quelque chose a changé en tous cas. Je ne n'espère plus, je - suis - avec.

mercredi 28 mai 2008

Le 20 mai

Le 20 mai, c'est ma fête.
Le 20 mai, c'est le jour où mon tout premier amour m'a quittée.
Le 20 mai, ça fera quatre mois.
Le 20 mai, son corps chétif s'excusait d'être là, sa voix n'ayant pu se déplacer seule.
Le 20 mai, c'était simple et ça sonnait juste bien, plus comme nous.
Ce 20 mai, je me suis prise par la main, et pour la première fois, on est parties.

jeudi 15 mai 2008

MAI

Déménagement. 9 mois ont passé. 9 mois, interminables pour une mère et pourtant si courts pour créer de toute pièce un petit être. Paris, tu m’as eue avec tes airs suffisants, ta mauvaise tête des jours de pluie. Sous couvert de ton indifférence, volant le temps, m’accordant ça et là d’entrevoir tes attraits, tu as tout de ces fins charmeurs qui hantent ma vie. Je n’ai rien vu, et pourtant me voilà prisonnière de tes lumières, de ta grandeur, de tes vitrines, de tes excès. Comme eux, tu m’as fait lâcher prise, je te veux comme je te déteste, je cours parce mon cœur l’ordonne, mais ça me tue, je me perds dans l’illusion que je construis. Pernicieux, tu oses jour après jour, me faire croire un peu plus que la folie de ton quotidien s’appelle réalité, tu minimises l’existence des autres pour ne laisser place qu’à ton caractère de chien, tes caprices, tes infâmies. Tu me déséquilibres, me bouleverses me maltraites mais malgré moi, tu t’es rendu indispensable.`

Les êtres qui t’animent sont faits de ta chair, et aussi puants qu’ils soient, aussi mornes et fades qu’ils paraissent, une morsure et c’est trop tard… J’ai baissé la garde un instant, et son poison coule dans mes veines, je le déteste, je le tuerais, il me répugne mais je reste. Je ne suis plus moi, attachée par la haine, effarée par ses grands yeux noirs, il est de la pire espèce qui soit, il est ode au sadisme. De la pire espèce parce que comme toi, il sait jouer de son mystère pour trahir ou encenser son image. Pétrifié dans son filet d’insanités, il s’est résigné à y construire sa vie, la volonté (pour peu qu’elle ait existé) a laissé place à la complaisance, il observe de sa cage les passantes qu’il choisira pour caresser la toile de son malheur. Puis, un jour, comme moi, elles repartiront, plus ou moins marquées par la douleur des cordes qui les auront retenues là trop longtemps. Libres, elles jureront de ne plus s’approcher de ces filets de maille… jusqu’à la prochaine fois.

mardi 15 janvier 2008

Vers le 15 janvier

C’est drôle comme le temps passe vite, alors que le mien n’avance pas. Bientôt la moitié d’une année que je suis là, je n’ai rien vu… Bilan : rien, absolument rien n’a changé, sinon quelques fringues et des connaissances. Le vide m’encombre, me consume, me ronge. Le quotidien pour manteau, les joies éphémères comme sabots, il m’avance. Je dois être là quelque part, entre l’armure et le néant, oppressée entre l’enveloppe et ce vide. Pas de sentiment, juste une pesante langueur qui m’entraîne doucement vers le fond. La chute est douce mais sûre. Pas de quoi de se rattraper, plus de quoi se repérer, le sentiment qu’ailleurs rien n’est mieux me gagne. Pas dans la joie cette fois, c’est là qu’est le vice.
L’euphorie des premiers temps passée, c’est la réalité qui frappe à ma porte, me laissant là, face à la médiocrité d’une énergie trop fébrile, qui fait de moi l’égérie déchue d’une course brillamment enclenchée et trop rapidement perdue.
Chaque carte s’écroule doucement, découvrant une plaie béante, chacune de mes incertitudes rejaillit en pleine face. Mes blessures, qui, comme des toupies s’étaient alliées pour supporter le monde se sont arrêtées de tourner, laissant choir là l’absurdité d’une quête de sens. Je ne peux plus fuir, je ne peux plus comprendre ce que j’ai déjà compris, il ne me reste qu’à accepter. C’est sûrement là le drame d’une vie, cet instant ou la connaissance ne semble plus pouvoir prendre place, laissant alors tout l’espace au constat et à la résignation. Illusion certaine, née d’un cercle qui refuse de s’ouvrir et dont on cherche la clé les yeux bandés, les poings serrés.

Je m’étonnerai toujours du pouvoir que nous exerçons les uns sur les autres, dans ces moments où la raison, qui sans nul doute croit tout savoir des mystères de nos rapports, se laisse soudainement bouleverser par l’émotion. Cet homme machine, sensiblement identique à 7 milliards d’exemplaires qui par le sourire de son congénère se voit successivement sublimé, déchiré ou encore profondément perdu. Ce naturel que nous savons devoir arborer et qui pourtant s’enfuit au galop quand le regard de l’autre s’attarde sur ce que nous sommes. Celui par qui on se croit observé et pour qui on croit donner le change fait vibrer, celui qui observe dans le dos souffre de l’amour qu’il éprouve pour quelqu’un qui, trop occupé à courir, ne se retournera jamais. La pureté du sentiment que trahissent ses yeux là est-elle ma pire frayeur ? Doit-on toujours être persuadé que celui qui aime pour ce qu’il a vraissemblablement vu de plus sincère en nous, sans même qu’on l’ait cherché, se trompe ? Que ce qu’il a perçu n’est pas digne d’amour alors même que la transformation que l’on s’inflige pour un autre est déchirante ?

Il y a de ces questions qui se précisent chaque jour mais qui par là-même, laissent de mieux en mieux entrevoir la longueur du chemin au bout duquel elles pourraient (ou non) trouver une réponse.