lundi 22 septembre 2008

Glisser vers l'hibernation

J'ouvre un oeil, il fait tout noir. Laissez-moi encore rêver un peu. Je cours dans mon bain, je me recroqueville sous la douche, trop froide, trop chaude. Je regarde mon armoire, ça déborde mais je n'en veux plus, samedi, j'irai faire les boutiques. Le nez dehors, qui cherche un abri dans mon foulard, les gens qui marchent vite, le gris qui dégouline sur les couleurs des vitrines. Les cheveux en bataille, tapis entre la laine et le cuir, un air de musaraigne qui se faufile dans les couloirs du métro.

Se blottir dans un café, avoir envie de thé. Raconter des histoires, refaire le monde, se dire qu'on s'aime, et s'imaginer ce qu'on fera après.




On the sunny side of the street en toute intimité, le rouge qui teinte les joues, envie de crêpe, assise dans le velours sous une voûte de pierre, une lumière orangée réchauffe la peau. Voir la vie en sépia-brun, regarder passer des vieilles voitures, des femmes engoncées dans leur manteau col claudine, les cheveux encore tout marqués de bigoudis, entendre le claquetis de leurs talons sur les pavés, s'émouvoir de l'élégance de l'homme qui leur ouvre la porte. Fixer le coeur du tuba et attendre qu'il en sorte la fumée enchanteresse du tabac qui se consume, enlaçant l'homme accoudé au bar qui savoure son bourbon, celui qui bat du pied avec alégresse, hissé sur son tabouret, celle qui charme derrière la dentelle de son chapeau. L'harmonie des sons qui accompagne l'ouverture et la fermeture de la porte.

Des broderies fines plein la tête, l'esprit strié aux petits carreaux, fouler le pavé au rythme de fred Astaire, regarder le reflet des lumières sur la Seine. Mains ligotées dans les poches, le nez tout rouge, enfoui dans une écharpe, se parler de littérature, se raconter une époque que l'on n'a pas connue. Ne plus s'écouter, se regarder. Serre-moi tout contre toi.

Pssssst ! Paris, je crois que l'hiver frappe à notre porte.

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