mardi 21 octobre 2008

Jour 420

6h30... 8h15. Déjàààààà ? Montée de chaleur, redescend aussi tôt. Arf... Encore une minute, je serai en retard, tant pis. Ok, alors je suis où ? Qui ? Je fais quoi ?

Les idées en places, extirpation de la couette. Je titube jusqu'au miroir, me frotte les yeux avec beaucoup moins d'énergie que celle que l'effort accompli pour actionner mon bras m'a demandée. Persuadée que non, c'est sur, ils vont s'ouvrir plus grand que ça, c'est le moment où je saisis la cruelle réalité : j'ai ENCORE trop bu la veille. Soit. Demain... J'arrête ! En attendant, je fonce vers le remède miracle, cette petite poudre dont on nie toujours s'être empâtée, à une vitesse bien en deça de mes espérances encore une fois. Je déteeeeste quand la petite voix me dit "accélère" et que mes jambes lui répondent "molo paulette, on s'détend !". Fatiguée de ce dialogue de sourd, j'opte pour la pause maquillage, retour sous la couette, miroir à la main. Une rangée de cil... 10 minutes... 8h25 .... Merde ! une rangée de cil... 15 minutes... 8h40... Ca craint... Bref, au bout d'une demi-heure, je viens à bout de mes 4 rangées, je regarde fièrement le résultat, tout a coulé tout est collé, il ne faut pas s'endormir quand on pose son mascara. Je suis beaucoup trop en retard, je sors, l'ascenseur, j'ai oublié l'adresse de mon rdv, je remonte, l'ascenseur, j'ai oublié mon parapluie, je remonte, l'ascenseur, je suis dehors.

Je suis dehors et je suis parisienne, je mets un pied sur le pavé mes jambes courent devant moi. Je suis devant. PARIS, c'est ici. Effacer son sourire, marcher droit, vite, faire semblant de savoir où l'on va. Ici c'est la guerre, ici c'est la jungle, ici, c'est marche ou crève, ici, c'est le métro. A chaque marche qui me rapproche du quai la pression monte. 8h55, 10 000 urbains s'affairent mallette à la main, laptop à l'épaule, les yeux baissés. C'est comme si on avait tous une nouvelle paire de Rossi à contempler, 10 000 fashionistas armés de leur dernier accessoire de mode, le sourire en moins.

La guerre ça commence quand le premier poilu pousse pour monter au front avant vous. Le char d'assaut n'est pas encore là qu'il doit être le premier sur la ligne. La bête arrive. Pleine, elle regorge de ses petits soldats qui ne descendront pas pour laisser la place à d'autres. Attendre le prochain... Sentir la fouine de derrière qui vous prend pour Casper et essaie désespérément de se faufiler à travers vous pour monter coûte que coûte dans le wagon... Sentir que la colère monte, doucement, doucement, et qu'on va se retourner pour lui dire "CONNASSE PERSONNE NE MONTE J'EXISTE MOI AUSSI JE SUIS EN RETARD, MOI AUSSI JE VAIS AU BOULOT, MOI AUSSI JE ME SUIS FAITE PLAQUEE, MOI AUSSI J'AI UN BOUTON QUI A POUSSE CETTE NUIT, MOI AUSSI J'EN AI MARRE DE LA PLUIE" dans le fond, et un courtois "C'est fatigant ce métro, personne ne monte... A la prochaine rame peut-être ?" dans la forme.

Les détails du trajet qui suit cette scène feront l'objet d'un autre post... Y penser me fait rire et m'épuise, je vous laisse sur ces risibles déboires de la vie urbaine.

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