mardi 15 janvier 2008

Vers le 15 janvier

C’est drôle comme le temps passe vite, alors que le mien n’avance pas. Bientôt la moitié d’une année que je suis là, je n’ai rien vu… Bilan : rien, absolument rien n’a changé, sinon quelques fringues et des connaissances. Le vide m’encombre, me consume, me ronge. Le quotidien pour manteau, les joies éphémères comme sabots, il m’avance. Je dois être là quelque part, entre l’armure et le néant, oppressée entre l’enveloppe et ce vide. Pas de sentiment, juste une pesante langueur qui m’entraîne doucement vers le fond. La chute est douce mais sûre. Pas de quoi de se rattraper, plus de quoi se repérer, le sentiment qu’ailleurs rien n’est mieux me gagne. Pas dans la joie cette fois, c’est là qu’est le vice.
L’euphorie des premiers temps passée, c’est la réalité qui frappe à ma porte, me laissant là, face à la médiocrité d’une énergie trop fébrile, qui fait de moi l’égérie déchue d’une course brillamment enclenchée et trop rapidement perdue.
Chaque carte s’écroule doucement, découvrant une plaie béante, chacune de mes incertitudes rejaillit en pleine face. Mes blessures, qui, comme des toupies s’étaient alliées pour supporter le monde se sont arrêtées de tourner, laissant choir là l’absurdité d’une quête de sens. Je ne peux plus fuir, je ne peux plus comprendre ce que j’ai déjà compris, il ne me reste qu’à accepter. C’est sûrement là le drame d’une vie, cet instant ou la connaissance ne semble plus pouvoir prendre place, laissant alors tout l’espace au constat et à la résignation. Illusion certaine, née d’un cercle qui refuse de s’ouvrir et dont on cherche la clé les yeux bandés, les poings serrés.

Je m’étonnerai toujours du pouvoir que nous exerçons les uns sur les autres, dans ces moments où la raison, qui sans nul doute croit tout savoir des mystères de nos rapports, se laisse soudainement bouleverser par l’émotion. Cet homme machine, sensiblement identique à 7 milliards d’exemplaires qui par le sourire de son congénère se voit successivement sublimé, déchiré ou encore profondément perdu. Ce naturel que nous savons devoir arborer et qui pourtant s’enfuit au galop quand le regard de l’autre s’attarde sur ce que nous sommes. Celui par qui on se croit observé et pour qui on croit donner le change fait vibrer, celui qui observe dans le dos souffre de l’amour qu’il éprouve pour quelqu’un qui, trop occupé à courir, ne se retournera jamais. La pureté du sentiment que trahissent ses yeux là est-elle ma pire frayeur ? Doit-on toujours être persuadé que celui qui aime pour ce qu’il a vraissemblablement vu de plus sincère en nous, sans même qu’on l’ait cherché, se trompe ? Que ce qu’il a perçu n’est pas digne d’amour alors même que la transformation que l’on s’inflige pour un autre est déchirante ?

Il y a de ces questions qui se précisent chaque jour mais qui par là-même, laissent de mieux en mieux entrevoir la longueur du chemin au bout duquel elles pourraient (ou non) trouver une réponse.