mardi 8 juillet 2008

De l'utilité d'un blog

Depuis que tu existes, je vide. Ce n'est plus la déchirure que je vomis de toute mon encre mais plutôt l'envie de te parler, de t'animer. La profondeur s'estompe à mesure des messages, j'en arrive à la futilité. Je te déteste parce que j'aurais voulu que tu ne leur ressemble pas, dans un souci de diversité bien sûr, mais aussi, je m'en rends compte aujourd'hui, parce que tu incarnes narcissisme et égoïsme. Pourtant, tu m'es nécessaire, tu supportes mes maux et je peux enfin te regarder en face.

Ne compte pas sur moi pour t'offrir les grands titres, je suis trop consciente que tu ne fais vraiment sens que pour moi. Mais au fond, c'est déjà beaucoup. Tu te caches de tes visiteurs, mais leurs traces me rattrapent toujours. Chaque lecteur est violence, parce que c'est un regard de plus sur ma mise à nu, pourtant, je l'ai voulue. J'ai voulu que ceux qui veulent voir regardent, pour que je n'ai plus rien à cacher. Je ne cherche pas l'exhibition, seulement la transparence.

Ohhhh, mais je suis bien consciente de la névrose que trahissent ces mots, c'est justement une tentative de salut. Et puis il y aussi derrière tout cela le mal d'un siècle... Celui qui nous permet de glaner les détails tapis derrière l'écran, celui qui nous offre le voyeurisme sous couvert de sociabilité, alors même qu'il nous dé-sociabilise. Le temps charmant que l'on savait passer à la découverte de l'autre par le dialogue est allé se réfugier dans la solitude, nous laissant explorer seul les joies d'être ensemble. C'est poison, pathétique mais ça me va.

Pour finir, laissez-moi relever le silence hurlant dans lequel on a dû s'enfermer malgré nous, pour avoir tellement besoin de prendre la parole seul. Se raconter en pleine page sans laisser aucune chance à un éventuel interlocuteur de nous couper la parole ? Loin d'être insignifiant, non ? Finalement, peut-être touche-t-on du doigt le moyen le plus accessible que l'on ait inventé pour se dire, et pour certains, pour s'offrir l'écoute. C'est avant tout dans ce profond besoin d'expression que l'art avait déjà pris pied, mais le blog semble avoir des qualités plus consensuelles.

Il serait peut-être temps de ne faire de l'orgueil qu'un demi-péché...

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