lundi 10 décembre 2007

Jour 117

Beaucoup d’absence, je m’en excuse…. Le temps de s’adapter il faut croire, ou celui de se laisser croire que l’on s’adapte. En effet, depuis 3 mois, les choses ont bien feint d’évoluer. J’avance enfin cernes pendantes et jambes courantes. Pourtant dans le fond, je survole le vide, l’immatériel, le néant d’une vie surfaite et pailletée… Allez comprendre. Mais je n’ai pas le temps de vous parler de cela. Je sors tout juste d’une frénésie créative que je vais vainement tenter d’extirper de ma tête haletante si les palpitations de mon cœur m’accordent une trève. La transe créative s’apparente bizarrement à l’orgasme. D’abord, une tentation venue d’une phrase, d’un mot, soudainement perçue en décalage. Décalée, la /le voilà qui sort de son contexte. Il s’embarque alors dans un tourbillon de délires qui finit par emporter mon corps tout entier. Débordant, dégueulant d’idées et d’affabulations, j’y crois pourtant. J’y suis. Plus possible de s’arreter, je cours, mes idées dépassent le rythme supporté par leur contenant, je quitte ce monde. En face, il m’écoute avec une timide pudeur qui le pousse à rire. La gêne de ne pas avoir été emporté avec moi, d’avoir eu peur de sauter dans ce terrible train l’a répulsé. Il ne partira pas. Je suis seule avec mon incapacité de retourner à la raison. Plus rien n’importe, le monde est grand, puissant, autre, créé et transformé par mon esprit, je lui découvre des voies insoupçonnées. Je m’y perds, je m’y prends, je l’agrandi, il me dépasse c’est l’explosion. L’orgasme. Puis, tout de suite, la frustration. Si réel à mes yeux, il se prend en pleine face le regard de celui d’en face, réapparu dans ma réalité. Pourquoi ne puis-je pas y accéder, il était pourtant là, puissant et colossal. Les contractions post traumatiques commencent à se faire sentir. Le dégoût de ce qui a été, le besoin d’évacuer, de changer de situation, la descente commence, il faut sortir, tout sortir, vomir cette énergie qui a eu raison de moi, libérer.